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Interview

Braga Last One, de l’illusion aux détails

Si les fresques que Tom Bragado Blanco, alias Braga Last One, exécutent pour de nombreux festivals font régulièrement le buzz, son travail sur toile, plus confidentiel, est tout aussi impressionnant !

Si les fresques de cet artiste marseillais autodidacte, dont Kowseone que l’on a pu voir lors de la 10e édition du Graffic Art festival de Puteaux ou l’incroyable anamorphose d’un chat sphynx sur un ancien réservoir d’essence, le classent incontestablement parmi les talents de l’Art Urbain, le réduire à ses illusions 3D serait indigne. Car l’art de Braga Last One s’impose aussi sur des toiles particulièrement léchées dans lesquelles « une multitude de petites scènes dans la scène » se découvrent avec délice, un travail minutieux, exigeant et narratif de haute facture. De quoi développer ainsi l’acuité de notre regard !

Comment vous est venue l’idée de créer ces superbes illusions d’optique ?

Pour les murs, j’aime le concept de fondre le dessin dans le décor, en jouant avec l’environnement, le paysage… Créer de la perspective me permet de transformer la 2D en 3D afin que le spectateur se fasse prendre au piège.

Qu’est-ce qui vous inspire pour créer ces illusions ?

Principalement le support… D’ailleurs, dès que je dois intervenir quelque part, je me rends d’abord sur place pour prendre des photos du support, murs, façades, citernes… et des alentours. Ces photos vont me permettre de positionner l’œuvre afin d’obtenir une illusion optimale. Puis, dans mon atelier, je travaille sur la création la plus adaptée à réaliser. Je dessine directement sur les photos. J’imagine en général une vingtaine d’idées différentes que je montre à mon entourage pour voir laquelle est la plus percutante. Pour certains murs, il m’arrive de demander l’avis des personnes concernées, les habitants du quartier, les organisateurs…

Qui sont les personnages que vous peignez ?

Surtout des proches, qui posent pour moi ou, lorsque ce n’est pas possible, que je prends en photos. Et dans certaines œuvres, je me représente… Je n’utilise jamais des photos d’inconnus pris sur Internet. Outre le droit à l’image, j’ai quelque part besoin d’être « proche » du modèle.

Qu’est-ce qui se cache derrière cette démarche d’illusion ?

L’envie d’impressionner les spectateurs, de tromper leur regard, qu’ils se perdent entre réalité et illusion. Parfois, l’illusion ne se découvre que face à l’œuvre, comme sur la fresque pour Zoo Art Show où j’ai peint à la fois sur deux murs en angle, une porte d’ascenseur, le sol, et des panneaux découpés. Un travail assez compliqué… Certaines peintures sont ainsi plus interactives que d’autres.

Est-ce cette interactivité qui vous intéresse ?

Oui, du moins en ce qui concerne mon travail de « rue ». Mais j’ai également un travail sur toile spécifique et dans lequel je multiplie volontairement les éléments et les détails, un peu à la manière des livres-jeux Où est Charlie ? J’imagine alors les spectateurs le nez collé à la toile, découvrant des détails au bout de plusieurs minutes… un petit personnage qui est caché, un livre, une souris, des tags… Une multitude de petites scènes dans la scène. J’aime le fait que l’on puisse regarder une toile autrement qu’en coup de vent, que les gens s’arrêtent, s’approchent et découvrent les petits détails cachés… Au contraire d’une fresque qui doit accrocher l’œil assez rapidement et s’appréhende avec un certain recul. Y placer trop de détails n’aurait aucun sens puisque personne ne les verrait. Vous ne voulez pas être enfermé dans un style particulier…

Effectivement car, j’aime travailler différents sujets, différents supports…

Je ne souhaite pas que l’on me reconnaisse uniquement comme l’artiste qui réalise des anamorphoses. D’autres le font déjà et je leur laisse d’ailleurs volontiers le terrain, même si j’apprécie de mettre ainsi en scène mon entourage parce que j’adore dessiner des personnages. Surtout, mon travail sur toile, extrêmement léché, ne peut pas être
transposé sur mur car cela me demande une centaine d’heures ! J’aime également peindre des animaux, des décors… Certains diraient que je me cherche mais ce n’est pas le cas. Je veux rester libre pour explorer différents univers, différents styles, différents médiums…

Sur toile et sur mur, votre technique diffère-t-elle ?

Pour les murs, j’utilise principalement la spray et l’acrylique : la bombe parce qu’elle permet d’aller vite et est marrante à utiliser pour les grandes surfaces à remplir ; le pinceau pour le dessin et les détails. Sur toile, j’utilise également la spray pour les fonds, les gros aplats, les fondus de couleurs, avant de passer à l’aéro et au pinceau. Ce sont deux techniques différentes mais qui se complètent, l’aéro produisant un trait très diffus, comme la bombe d’ailleurs, mais de petite dimension.

Quels sont vos projets ?

Continuer à peindre [rires]… Je viens de participer à la 10e édition du Graffic Art festival de Puteaux. J’ai deux murs d’ici la fin de l’année. Et je vais réaliser un live-painting chez Street Part à Aix-en-Provence la première semaine de novembre… en plus des commandes de particuliers.

Où peut-voir votre travail ?

Principalement sur Instagram car je n’ai pas le temps de démarcher des galeries.

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