Parmi les pionniers français de l’Art Urbain, cet artiste aussi attachant qu’inclassable a écrit des pages parmi les plus importantes de ce mouvement, comme le montre cette belle exposition.
À voir
« Epsylon Point Rétrospectice 1981/2024 »
Jusqu’au 31 octobre 2024
Entrée libre et gratuite
Cloître de l’Abbaye Saint-Martin
Rue Marcelin Berthelot 02000 Laon
Du mercredi au samedi de 14h à 18h
Maison des Arts et Loisirs
Espace Bernard Noël Place Aubry 02000 Laon
Du mardi au vendredi de 13h à 17h30, samedi de 14h à 17h
Epsylon Point : epsylonpoint.com
Instagram : @epsylon_point
Lors de notre précédente rencontre, en juin 2023 (URBAN ARTS #24), Epsylon Point, jeune homme de 74 ans, nous avait impressionnés par son énergie créative intacte et une implication totale dans un art de rue sans concession. Cet ancien des Beaux-Arts de Dijon a d’abord été photographe et performeur avant de découvrir la bombe de peinture à la fin des années 1970. S’il commence par écrire sur les murs des slogans engagés et politiques, il ajoutera rapidement des personnages issus de la Pop américaine, comme des super-héros tirés de ses bandes dessinées favorites. Pionnier du pochoir en couleur – à partir de 1983 –, Epsylon va développer au fil des ans un style très personnel, basé sur des fonds abstraits peints à main levée, sur lesquels il pose des pochoirs souvent inspirés de photos d’actualités et de slogans qui influenceront toute une génération d’artistes urbains.
« Anartiste » dans l’âme
Affirmant « Écrire sur les murs est un acte revendicateur », Epsylon Point a toujours concilié un sens de l’esthétique coup de point aux couleurs vives et des messages revendicatifs et universels. Dans la rue comme sur la toile, ses œuvres parlent de politique, dénonçant la perversité de pouvoirs et de systèmes qu’il juge répressifs, de faits de société, mais aussi de poésie, de musique, d’amour et même d’érotisme. Adepte avant l’heure du politiquement incorrect, Epsylon Point, proche à la fois de l’expressionnisme et du surréalisme, sait aussi rendre hommage aux maîtres anciens, à l’image de son Penseur de Rodin. Invité en résidence par la ville de Laon, Epsylon Point prouve qu’il n’a rien perdu de son énergie. Ses nouveaux pochoirs, à la facture dense où le fond se confond à la forme et où la saturation de l’espace raisonne en adéquation presque parfaite avec la palette chromatique utilisée, sont particulièrement réussis.
4. Colavore con la Policia, 1988, aérosol et pochoirs sur toile, 144 x 94 cm.
5. La mort mexicaine, 1995, aérosol et pochoirs sur bâche, 180 x 80 cm.
Exposition en deux actes
Cette rétrospective couvrant un parcours artistique de près de 45 ans invite à découvrir le travail d’Epsylon, de ses premiers pochoirs à ses nouvelles productions réalisées dans le cadre de cette résidence. Idée originale, présenter les œuvres en deux lieux : au cloître de l’Abbaye Saint-Martin, les œuvres de ses débuts, œuvres historiques qui ont fait de lui le pionnier du Street Art français en utilisant la technique du pochoir ; à la Maison des Arts et Loisirs, des œuvres plus récentes à l’esthétique foisonnante où textes et images se superposent pour raconter des histoires multiples. L’occasion de suivre la démarche artistique d’une figure emblématique de l’Art Urbain.