En une saynète, vecteur d’amour, de poésie et pleine d’espièglerie, Jace et RNST offrent aux spectateurs l’essentiel.
Alors qu’il ne leur a fallu que peu de temps pour la créer, cette première fresque monumentale à quatre mains dévoile tout ce qui rapproche Jace et RNST. Leurs envoûtants coups de pinceaux livrent une œuvre judicieusement baptisée Love in the air, où l’amour, la poésie et l’humour se mêlent. Un mot s’impose devant l’espiègle gamine lançant des Gouzous vers une cible en forme de cœur : TOUCHÉ !
Vous connaissiez-vous ?
Jace : J’ai découvert le travail de RNST il y a quelques années. Pour la petite histoire, à chacune de mes expositions chez Mathgoth, RNST exposait au Lavo//matik. Un signe ! Derrière le technicien, qui maîtrise un process avec des calques réalisés à main levée, il y a, au-delà du pochoiriste, le peintre qui travaille sans pochoir pour des œuvres à la forte identité, tant dans le graphisme que le message. J’admire l’artiste, mais aussi la personne humainement agréable à côtoyer.
RNST : Je suis depuis longtemps le travail de Jace, appréciant son univers BD, son trait, qui ramène à l’enfance, un sujet qui m’est cher. Je crois que nous partageons le même langage : nous parlons à notre enfant intérieur. Ses Gouzous parlent de sa fragilité, de sa sensibilité, de son humanité surtout. Jace est quelqu’un de généreux, toujours dans le partage.
Comment est née cette collaboration ?
Jace : La vraie rencontre s’est faite l’an dernier, lorsque RNST m’a convié sur Le M.U.R Dijon. Cette année, invité par les Savoyards de La Motte-Servolex et d’Aix-les-Bains pour un petit parcours urbain, RNST a suggéré cette collaboration… qui s’est imposée comme une évidence. Un vrai plaisir puisque nous n’avions jamais eu l’occasion de travailler ensemble. Et alors que nous ne savions ni quel mur, ni quelle thématique développer, tout s’est enchaîné rapidement.
RNST : En 24 heures, nous avions réalisé les dessins. Et, outre le mur, Jace a totalement « retourné » Aix : plus un seul mètre carré sans un Gouzou [rire] !
Comment vous est venue l’idée de Love in the air ?
RNST : Jace a suggéré qu’une gamine masquée utilisant un lance-pierre balance des Gouzous. Une idée parfaite, notamment par rapport à la longueur du mur…
Jace : … qui permet d’occuper l’espace de manière assez intelligente, tout en conservant le fond, la matière brute du mur. Et la fresque fait sens puisqu’elle se trouve en face d’une école. Une peinture improvisée, spontanée comme je les aime. Si nous avions bossé pendant des semaines, nous n’aurions pas eu la même énergie !
RNST : Une sorte d’urgence créative assez Rock’n Roll pour une fresque peinte directement sur le mur.
Jace : Il faut d’ailleurs saluer la réactivité de Julien, qui a rapidement trouvé une nacelle.
RNST : Et le résultat a fait consensus !
Qu’exprime la fresque ?
RNST : L’amour et notamment l’amour de l’autre, tout en étant dans la rhétorique de l’enfance à travers le lance-pierre.
Jace : De la légèreté, un peu de poésie. Pour que le message ait plus de sens, j’ai peint la cible en forme de cœur…
RNST : … le « détail » qui change tout !
Vous avez également réalisé une sérigraphie…
Jace : En un temps record – deux jours, deux nuits –, puisqu’il fallait que je signe les 200 pièces en 8 couleurs avant de repartir.
RNST : Dans l’urgence puisque ce n’était pas prévu, mais avec toujours la même spontanéité ! Les planètes se sont alignées et le résultat est réussi, dans la rhétorique, le style, le trait… Les 200 pièces se sont d’ailleurs arrachées en moins d’une journée !
Jace : Cette collaboration arrive à point nommé puisque je clôture un bouquin qui retrace plusieurs années de collaborations avec plus d’une soixantaine d’artistes, dont je présente le travail. Chacun y livre une anecdote, un point de vue, un commentaire sur mon travail et notre collaboration, l’ouvrage étant illustré par les photos des murs que l’on réalisés. Et il est fort probable qu’une photo prise pendant la collaboration avec RNST fasse la couverture du livre.
Sur quoi débouchera cette expérience ?
Jace : Peut-être un mariage [rire]… Plus sérieusement, une expo dans ma galerie en septembre 2025, avec, probablement, un mur « match retour » à La Réunion.
RNST : Un massacre de Gouzou en perspective [rire].