Si la cité de Jeanne d’Arc est célèbre par son patrimoine historique, elle s’est aussi imposée comme une destination prisée des amateurs d’Art Urbain, avec une multitude d’œuvres à découvrir.
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2. Ardif est souvent venu poser ses œuvres dans les rues d’Orléans – © Lezbroz.
Au cœur du Val de Loire, Orléans n’est sans doute pas la première destination à laquelle on pense en matière de Street Art… et pourtant. Peut-être plus discrètes que dans d’autres villes, des œuvres nombreuses font partie intégrante de la ville, transformant la visite du centre historique en un véritable jeu de piste au hasard des déambulations.
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Un peu d’histoire
Comme l’explique Sébastien Poisson, chargé du marketing pour Val de Loire Tourisme, la présence du Street Art à Orléans s’explique d’abord par la proximité géographique avec Paris. « La ville a hérité de son passé industriel, datant de l’époque où elle était le plus important port fluvial avant la capitale, avec des sites qui ont permis aux artistes de s’exprimer ». Le plus important d’entre eux, l’ancienne Vinaigrerie Dessaux à l’abandon depuis 40 ans, est ainsi le plus important spot urbain de la ville. « Le lieu est condamné pour des raisons de sécurité, mais l’esprit du Street Art s’est vraiment imprégné de cet endroit et les fresques vandales se sont succédées pendant des années sur les murs extérieurs. À chaque fois qu’elles étaient nettoyées, elles étaient remplacées par d’autres, jusqu’à ce qu’elles fassent partie du paysage ». En 2010, à l’occasion de l’exposition « À ciel ouvert », plusieurs artistes ont ainsi été invités à s’exprimer sur les murs que l’on aperçoit depuis la rue de la Tour Neuve ou ceux des entrepôts désaffectés rue Saint-Flou. Parmi les signatures les plus connues, Jef Aérosol, qui a réalisé son premier pochoir à Nantes en 1982, a peint pour la première fois à Orléans dès 1983. Il est ensuite revenu régulièrement dans la ville, tout comme Ardif.
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5. Tous les trois mois, un nouvel artiste investit le superbe M.U.R. sur une façade du cinéma Les Carmes.
Créativité locale
Si les Parisiens ont utilisé Orléans comme un terrain de jeu, la ville a aussi ses gloires locales. « Nous avons eu la chance d’avoir des artistes orléanais de renommée nationale, à commencer par Monsieur Chat, dont les premières œuvres ont fait leur apparition ici, en 1997. Plusieurs de ses Chats sont toujours visibles dans les rues de la ville, notamment une fresque imposante rue Bannier, juste à côté de la place du Martroi, et plusieurs rue des Tanneurs. Il a également réalisé plusieurs commandes privées sur des façades ou des devantures. Mifamosa est un autre artiste du cru, qui a eu la bonne idée d’utiliser des mosaïques pour jouer sur les noms des rues : des notes de musique au-dessus de la plaque de la rue Domrémy [ville natale de Jeanne d’Arc,NDLR], une culotte pour la rue de la Pucelle ; un marin disant merci pour celle du commandant Poli… Il a fêté sa centième création il n’y a pas si longtemps. Également orléanaise, Tag Lady est aussi une adepte de la mosaïque, qu’elle utilise pour créer des personnages célèbres, disséminés ensuite un peu partout dans la cité johannique ». Autre représentant de la scène locale, Rire Fish. Depuis 2014, son poisson coloré aux gros yeux ronds, personnage symbole de liberté et de lâcher-prise, nous invite à « nous évader de notre propre bocal » pour « découvrir le monde de l’humanité », selon les mots de l’artiste, dont les graffitis colorés et les détournements inventifs maintiennent « l’esprit du vandalisme » avec humour.
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9. Comme Mifamosa, Tag Lady a choisi la mosaïque pour embellir les rues avec ses personnages célèbres.
10. Le gros matou de Monsieur Chat prend ses aises à Orléans… sur près de 60 murs !
Ambition municipale
« Les œuvres d’Art Urbain, notamment les mosaïques, s’intègrent parfaitement dans l’architecture des bâtiments anciens du centre historique, en pierre claire, plutôt lumineux. C’est agréable et intéressant de les découvrir au hasard des ballades, cela casse un peu l’image que l’on peut avoir d’Orléans, naturellement liée à Jeanne d’Arc, au patrimoine historique et à la cathédrale. Le Street Art apporte une nouvelle dimension, séduisant un public plus jeune, plus curieux, que ce soit parmi les visiteurs ou les riverains. Les parcours urbains permettent aux premiers de découvrir la ville et aux seconds de mieux la connaître. Plusieurs quartiers, notamment dans le centre, ont été rénovés dans les années 2000-2010 et l’Art Urbain s’implante parfaitement dans cette dynamique », commente Sébastien Poisson.
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La municipalité a d’ailleurs bien compris l’intérêt touristique de ce mouvement. « La ville a fait le choix non d’interdire, mais de canaliser l’Art Urbain. Depuis 2017, nous avons un M.U.R. assez emblématique et imposant, à côté du cinéma Les Carmes, en plein centre-ville, qui accueille un nouvel artiste chaque trimestre. Nous avons fêté la cinquantième en septembre avec Jace. Le Street Art est important et joue un rôle central pour donner un nouvel aspect à la destination. Il s’intègre de plus en plus dans le paysage et nous souhaitons le développer davantage. Nous avons d’ailleurs créé une collection capsule de souvenirs – mugs, tee-shirts, tote bags, cartes postales… – à partir des mosaïques de Mifamosa sur quatre rues emblématiques d’Orléans, rue Royale, rue Jeanne d’Arc, rue de Bourgogne et rue de la Chèvre qui danse, en vente à l’office de tourisme ».
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13. Pour l’édition 2024 de ROADS Urban Festival, Bebar a customisé une voiture devant un public nombreux.
Deux rendez-vous importants
Si l’Art Urbain se développe harmonieusement dans la ville, c’est grâce à « l’implication de la ville, mais aussi à la réelle volonté d’artistes indépendants, d’associations et de collectifs locaux », analyse Sébastien Poisson. Deux manifestations annuelles lui sont dédiées depuis 2016. Le Loire Art Show, qui n’a pas eu d’édition en 2024, mais devrait reprendre en 2025, utilise des lieux sur le point d’être réhabilités pour exposer des artistes. « Cet événement, organisé par l’association Sacre Bleu qui gère également le M.U.R., permet à des artistes, en général une vingtaine, d’investir des espaces atypiques, comme la piscine du Palais des sports ou l’ancien collège Jean-Rostand où toutes les salles de classe ont été transformés. C’est vraiment très sympathique, avec beaucoup d’animation ».
ROADS Urban Festival est porté par une équipe d’étudiants en communication évènementielle de l’IAE, école de management de l’Université d’Orléans. Organisées en plein centre-ville, ces journées proposent de faire découvrir les cultures urbaines sous toutes les formes – sports, streetwear, street food et, naturellement, Street Art – au plus grand nombre, à travers une gamme d’activités variées : expositions, animations, démonstrations, DJ sets, spectacles de danse hip-hop… Il y en a vraiment pour tous les goûts, dans un esprit convivial. « Grâce à l’implication des étudiants et au soutien de nombreux partenaires, ROADS est devenu un événement annuel unique à Orléans. En 2024, de nombreux artistes, dont Bebar ou Levalet, nous ont honorés de leur participation », se réjouit Sébastien Poisson. Rendez-vous est pris pour la prochaine édition, en juin 2025. L’occasion de voir Orléans sous un autre jour.
À savoir
Office de Tourisme d’Orléans Métropole
23 place du Martroi 45000 Orléans
tourisme-orleansmetropole.com