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La Source Aux Féroces donne le vertige !

La cheminée des anciens thermes abandonnés de Châtel-Guyon est devenue une époustouflante et monumentale anamorphose grâce au talent, à la démesure et à l’engagement de Rino.

Après La Sainte Manu, projet grandiose lors duquel Rino et Cofee avaient transformé l’ancienne Manufacture des Tabacs de Riom désaffectée en cathédrale du graffiti, aidés par 75 artistes invités (une histoire à découvrir dans l’édition cuivre en vente sur lasaintemanu.fr), le duo relève un nouveau défi : recouvrir de fresques les anciens Thermes Henry, situés dans le parc thermal de Châtel-Guyon. « Tout a commencé il y a trois ans, lorsque nous avons invité les “officiels” de la région à visiter La Saint Manu. Sachant que le site devait être repris par Hermès pour en faire un atelier de maroquinerie et séduit par le travail accompli, Frédéric Bonnichon, président de Riom Limagne et Volcans, nous a proposé les Thermes Henry, aujourd’hui en friche », retrace Rino.

Mesures et démesure
Après un rapide tour des lieux, « les thermes construits sur un ruisseau d’un côté et la machinerie, empilement de trois bâtiments, de l’autre, un ensemble relié par un tunnel souterrain », Rino s’engage auprès de l’élu, proposant un projet de rénovation par le graffiti. De quoi, dans un premier temps « entreposer tout notre matériel ! ». D’emblée, l’artiste sait néanmoins qu’il ne pourra pas investir l’intérieur des bâtiments, tous mal sécurisés, insalubres et peu accessibles. Seule solution ? « Travailler uniquement sur les extérieurs afin que les œuvres soient visibles gratuitement par tous et à tout moment du jour ou de la nuit ». En amont cependant, il entreprend de transformer une zone de la machinerie en loft. « Revêtu d’une combinaison intégrale, j’ai nettoyé l’espace au Karcher, murs, plafonds, cloisons… et frotté jusqu’au dernier joint. Ce loft, baptisée, la chaufferie, est désormais notre base ».

Par défi mais aussi pour signifier toute la démesure du projet, Rino s’attaque à la cheminée, haute de 21,50 mètres. « Posée sur le toit d’un des bâtiments, l’ensemble culmine à 30 mètres du sol ». Aidé de Cofee, il imagine un robinet d’où l’eau s’écoulent, « un rhinobinet en quelque sorte ». Une réalisation qui va demander à l’artiste plusieurs semaines de travail acharné ! Grimpeur émérite, il suit d’abord « des cours auprès d’un ami cordiste, deux semaines de préparation intense » pour s’exercer à utiliser bloqueur, poignée d’ascension, pédale, mousquetons… Une préparation qui inclut également nettoyage et élagage, pour ôter feuilles et autres branches d’arbres de la cheminée. Enfin, avec plus de 20 kg de matériel sur le dos, « un tiers de mon poids », s’amuse l’artiste, il grimpe seul, pour réaliser cette fresque monumentale. Il lui faudra œuvrer 8 heures par jour plusieurs semaines durant pour la finaliser… et une attention de tous les instants pour effectuer chacune des manipulations correctement, sous peine de dévisser !

Un rhino… féroce !
Au sommet de la cheminée, le robinet à tête de rhinocéros, « découpé, façonné et peint dans des panneaux d’akylux, hissés puis installés ». Au centre du conduit, l’eau qui s’écoule pour finir en une gerbe éclatante. Baptisée la Source aux Féroces, la fresque s’intègre divinement dans son environnement. En effet, de part et d’autre, l’artiste a peint des branches et du feuillage qui se fondent totalement avec la végétation naturelle présente à l’arrière de la cheminée. « Plaqué contre la cheminée, sans Cofee qui m’a guidé à distance par liaison radio, je n’aurais jamais pu y parvenir ! ». Un travail de dingue qui a nécessité 400 litres de peinture. Si l’on peut désormais admirer la fresque – le meilleur point de vue étant situé de l’autre côté des Thermes Henry pour une parfaite anamorphose –, on ne distingue pas en revanche l’énorme typographie peinte par Rino lors de sa première descente, « avec deux chromes dans chaque main, un grand kif ! », désormais recouverte par la Source aux Féroces. Cette réalisation n’est que la partie émergé de l’iceberg d’un projet tout aussi ambitieux. L’aventure continue. Rendez-vous est pris pour la suite.