Derrière son style figuratif se cache l’émotion, celle que l’artiste éprouve et qu’il retranscrit intensément dans ses portraits réalistes. Des chocs visuels emprunts de poésie et de sincérité.
Quelque part, Kowse est resté le gamin des quartiers nord de Marseille, s’émerveillant devant le talent des graffeurs reconnus qui le faisaient rêver, sans prendre véritablement conscience que, lui aussi, réalise des œuvres devant lesquelles on s’extasie désormais. À travers son style figuratif en rendu réaliste, sa vision du monde, emprunte de spiritualité, offre à chacun de nous l’occasion de « s’élever » pour découvrir la beauté en toute chose.
Comment êtes-vous passé du lettrage au figuratif ?
En 2012, lorsque j’ai participé au Festival Kosmopolite à Bagnolet qui fêtait ses dix ans, j’ai eu l’occasion de rencontrer des graffeurs, notamment des grands noms du figuratif comme Smug, Alex, Mr Dheo… Les voir peindre m’a donné envie de me mettre au portrait. J’ai donc complètement lâché le lettrage pour prendre cette direction… ce qui a pris pas mal de temps ! Comme je n’avais pas de technique particulière, j’ai longtemps observé le travail des uns et des autres, je me suis beaucoup entraîné… pour, au final, construire mes propres portraits .
Vous êtes donc un fin observateur…
Merci… J’ai eu de l’aide aussi ! En 2014, j’ai rencontré Braga qui m’a beaucoup apporté dans le dessin et m’a conseillé, bien que son approche soit différente. Nous peignons régulièrement ensemble, même si chacun a ses projets. Du coup, je ne peux que progresser [rire].
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans le rendu réaliste ?
L’émotion ! Celle que l’on transpose sur le mur et qui ressort du portrait ou de la scène mais aussi celle que cela peut
susciter chez les spectateurs, qui peuvent y trouver ce qu’ils ont envie d’y voir, même si derrière il y a un message… À
chacun de réfléchir.
Comment choisissez-vous vos « sujets » ?
Ce sont des rencontres, des personnes dont le regard, l’attitude… me touchent et que j’ai envie de retranscrire. Je prends alors des photos, avec leur accord, en expliquant ma démarche. Je ne cherche pas forcément à les connaître car je suis quelqu’un de solitaire… J’aime les gens mais je n’aime pas la foule. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
je me suis dirigé vers la peinture. Je préfère que l’on regarde ce que je fais, et non que l’on me regarde…
Et pourtant votre peinture, c’est vous ?
C’est un reflet, une partie de moi que je dévoile. Comme je suis quelque peu introverti, je donne beaucoup sur les murs. Et si j’apprécie les rencontres, j’ai besoin de me retrouver en famille, ma femme et mes enfants, et de solitude. Cela fait partie de mon équilibre.
Vous parlez d’inspirations urbaines mais aussi spirituelles… pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai choisi de suivre un chemin spirituel personnel, notamment l’observation de tout ce qui nous entoure, afin de percevoir la beauté dans chaque chose, le sublime dans toute création, à commencer par l’être humain, une créature magnifique assez exceptionnelle… que l’on ne regarde hélas plus. Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’aime dessiner des portraits.
Vous « sublimez » l’être humain alors que vous êtes plutôt solitaire. N’est-ce pas paradoxal ?
Oui et non car on peut aussi être déçu par certains aspects de l’être humain. La solitude est une façon de me protéger.
Le choix du mur conditionne-t-il la réalisation d’une œuvre ?
Pas nécessairement… même si j’adapte mes peintures à l’environnement. Le plus souvent, je prends des photos du mur et, dans mon atelier, je les rapproche de mes photos de portraits. Parfois, ça matche. Je travaille alors la composition, afin d’intégrer le portrait, le personnage, une partie du visage… dans l’environnement ou dans un décor que je peins.
Peignez-vous également sur toile ?
J’ai peint quelques toiles… Et je m’y remets car je sais à peu près où je veux aller même si je suis toujours en recherche…
Et où voulez-vous aller ?
Toujours dans le figuratif, je touche désormais à l’acrylique et au pinceau avec lesquels je peux aller dans les détails, contrairement à la bombe et à l’aérographe que j’ai beaucoup utilisés. Travailler davantage la mise en scène, le décor derrière le personnage au premier plan. J’ai également très envie de me mettre à l’huile. Hopare m’a dit un jour :
« Si tu peins à l’huile, tu ne reviendras plus jamais à l’acrylique ».
Quels sont vos projets ?
Actuellement, avec Braga, nous réalisons un fresque de 30 mètres de long sur 2,50 mètres de haut sur le thème du cinéma pour Provence Studios à Martigues, le plus grand studio cinématographique de France. Nous y peignons les portraits des grandes figures du cinéma. Je travaille également dans le social où j’encadre des jeunes en décrochage
scolaire. Je leur montre notamment comment réaliser une fresque. Dès que possible, un live-painting chez Street Part à Aix-en-Provence, peutêtre en décembre selon la situation.
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