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Sur les murs

London Mural Festival : un exemple pour Paris ?

En septembre, 120 fresques ont été réalisées sur les murs de la capitale britannique. Une manifestation ambitieuse portée par Global Street Art, dont on ne peut s’empêcher de penser qu’une version parisienne aurait toute sa raison d’être…

À voir
London Mural Festival
londonmuralfestival.com
Instagram : @londonmuralfest
Les fresques des éditions 2020 et 2024 à découvrir sur la carte londonmuralfestival.com/map

Fondée en 2012, Global Street Art est aujourd’hui la plus importante organisation britannique de peintures murales. Avec une communauté de plusieurs milliers d’artistes, grands noms et talents émergents, ce sont plus de 3.000 fresques qui ont été réalisées au Royaume-Uni, sans compter des interventions dans des dizaines d’autres pays, pour des projets commerciaux ou communautaires. Convaincu que « l’art a le pouvoir de transformer les lieux et d’inspirer les gens », son directeur général et cofondateur, Lee Bofkin, nous dit tout sur la deuxième édition de cet ambitieux festival.

Comment est né le festival en 2020 ?
Nous organisons des festivals locaux de peintures murales depuis de nombreuses années dans des quartiers londoniens spécifiques tels que Brockley et Sydenham. L’idée d’un festival à l’échelle de Londres est née naturellement. Nous avons finalement décidé de le faire en 2020… et le Covid est arrivé ! Malgré les règles de distanciation sociale, nous n’avons pas abandonné.

Combien de peintures murales ont été créées à cette occasion ?
Pour sa première édition, le London Mural Festival a travaillé avec 200 artistes de 15 pays (même si beaucoup d’entre eux étaient basés à Londres en raison des restrictions de voyage), qui ont peint 75 fresques dans 13 quartiers de Londres. Fait remarquable, quatre ans plus tard, 80 à 90% des fresques murales sont toujours en place, laissant un héritage artistique durable à la capitale et à ses communautés.

Et cette année ?
120 nouvelles peintures murales ont été réalisées dans 11 quartiers de Londres. La première semaine, nous avons peint 48 fresques, un exploit pour notre formidable équipe. Ce qui est épatant avec le London Mural Festival, c’est que les peintures murales restent en place pendant de nombreuses années, vous pouvez donc venir visiter nos œuvres à tout moment.

L’idée est-elle de faire de Londres une place forte de d’Art Urbain ?
Londres est déjà un haut lieu de l’Art Urbain. Notre objectif est de l’enrichir et de continuer de transformer notre ville en une galerie à ciel ouvert, mettant l’art à la portée de tous, tous les jours et gratuitement. Le festival offre aux Londoniens une chance unique de voir des œuvres d’art dans leurs rues, signées par certains des artistes les plus emblématiques au monde, dont Aches, Bezt Etam, eL Seed, Sebas Velasco, Rosie Woods, Zabou et bien d’autres encore…

Comment avez-vous trouvé autant d’emplacements ?
Nous disposons d’un excellent réseau de partenaires dans toute la ville, qu’il s’agisse de conseils et d’autorités locales, de propriétaires immobiliers, de bailleurs privés, d’entreprises de construction, d’architectes ou de promoteurs. Nous avons lancé un appel pour des sites muraux à la fin de l’année 2023 et avons eu la chance d’avoir un retour incroyable, qui nous a permis d’obtenir 120 sites. Mais il ne suffit pas de lancer un appel. Nous parcourons activement les rues, discutons avec les propriétaires et impliquons les groupes communautaires. Certains des murs ont été obtenus dans le cadre de programmes que nous menons en dehors des années de festival, comme notre programme Art for Estates qui existe depuis 2016 et consiste à peindre des fresques murales dans des lotissements sans frais pour les résidents.

Quelles sont les créations les plus marquantes de cette année ?
Il est difficile de répondre à cette question, car il y a vraiment beaucoup d’artistes incroyables qui participent à cette édition. La peinture murale de Tea Jurisic et David Maker au centre commercial Surrey Quays est réellement exceptionnelle. Les trompettes de Leadenhall peintes par Nick Tez, Itaewon et Anna Ovni sont un exemple fantastique d’art géométrique et d’architecture unique, et eL Seed a fait une peinture murale monumentale sur Pelican House près de Deptford à couper le souffle ! Mais, pour être franc, ce que nous pensons n’a pas d’importance. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir ce que chacun pense et quelles sont ses œuvres préférées. Le dialogue fait partie de notre raison d’être, et l’engagement du public est une chose merveilleuse !

Quelle est la place de l’Art Urbain dans une métropole en perpétuelle évolution ?
Le rôle de l’Art Urbain réside dans les conversations qu’il suscite, la diversité des voix représentées et le message qu’il transmet au spectateur : la ville est créative, accueille un large éventail de talents et appartient à tout le monde. Compte tenu du renouvellement de l’immobilier dans toute la métropole, nous insistons ardemment pour qu’il y ait plus d’art partout. Plus vous êtes confronté à l’Art Urbain, plus il fait partie de votre vie. Les promoteurs et urbanistes sont ainsi encouragés à accorder davantage de place à l’art dans l’espace public.

Comment ce projet est-il financé ?
En tant que producteur, Global Street Art finance une grande partie du festival. Un tel projet demande beaucoup de ressources, mais nous sommes heureux de le faire et cela nous aide à développer de nouvelles relations. Mais nous ne pourrions pas réussir sans le soutien de nos partenaires, qu’il s’agisse de fournisseurs d’équipements, d’hôtels pour les artistes ou de notre collaboration avec la marque de streetwear A Bathing Ape. Cette année, avec l’initiative « Can for Can », nous avons adopté avec nos sponsors une approche caritative : pour chaque bombe utilisée par les artistes du festival, une bombe est offerte à un projet communautaire. Ainsi, les bénéfices sont plus largement partagés entre les différents quartiers.

La Municipalité est-elle impliquée ?
Le festival est soutenu par le maire de Londres, l’office de tourisme Visit London et la Greater London Authority. En revanche, nous n’avons pas de financement direct de la part des conseils municipaux de Londres. Ce type de financement pourrait nous aider, mais il est très difficile d’en faire la demande et les conseils sont généralement à court d’argent.

Quels sont vos projets ?
Vivre dans des villes peintes et pas uniquement vivre dans UNE ville peinte, telle est la mission que nous nous sommes fixée. Avoir peint près de 200 fresques à Londres est une chose, mais pourquoi ne pas viser un million de murs dans le monde entier. Voilà une idée !