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Interview

Mr JUNE à la recherche de la forme parfaite

Ses graffitis uniques avec leur effet tridimensionnel et son travail artistique abstrait ont fait du muraliste néerlandais un artiste urbain majeur. Aujourd’hui, sa recherche de la forme parfaite le pousse à « transcender » l’hexagone.
Par Gabrielle Gauthier

De Miami à Helsinki, les gigantesques peintures murales en trompe-l’œil de Mr June, alias David Louf, fleurissent depuis plusieurs années déjà au quatre coins de la planète. Caractérisées par leur effet tridimensionnel et leur dimension impressionnante, ces œuvres défient les éléments architecturaux, interagissant alors pleinement avec leur environnement. Avec une maîtrise hors du commun de la trois dimensions, l’artiste crée des abstractions géométriques qui défient notre perception. Ce travail l’a conduit aujourd’hui à la recherche de la forme parfaite… qu’il a trouvée dans l’hexagone. Et il en a fait le sujet de chacune des séquences ininterrompues de toiles « cubes » qu’il peint.

À la découverte des cubes 4.0

En poussant sans cesse les possibilités, M. June découvre de nouvelles idées pour ces cubes tout en expérimentant ses peintures murales. Pour ces dernières, si ses compositions sont créées en freestyle, l’artiste suit néanmoins un ensemble de règles et de restrictions qu’il s’est imposé. Appliquant une grille dérivée de la forme du mur lui-même et des éléments qui s’y trouvent, il remplit ensuite l’espace avec des fragments des hexagones travaillés dans ses tableaux. Ainsi, toiles et murs participent-ils à sa recherche, les unes nourrissant les autres et vice versa, dans une sorte de « conversation créative » entre les deux piliers de son œuvre.

Pourquoi cette quête de la forme parfaite ?

En tant que créatif, j’explore toujours de nouvelles pistes. Mon objectif est ainsi de créer une forme parfaite dans l’absolu… Telle est ma recherche mais probablement que je ne la trouverai jamais ! Dès lors, je me suis fixé la forme parfaite pour moi. Pour ne pas expérimenter sans fin, j’ai besoin de me fixer certaines règles, certaines limites et de m’arrêter à une forme que je considère comme parfaite pour moi. Entre ces règles et ces limites, cela me force à être créatif, et j’aime ça.

Mais la forme parfaite existe-t-elle ?

Dans l’absolu, non. Mais pour moi, dans les limites de mes possibilités et de mes contraintes, oui.

En quoi l’hexagone pourrait-il être une forme parfaite ?

Parce qu’il l’est ! On le retrouve dans la nature, la physique, le cosmos, l’architecture, les constructions, l’aérodynamique… L’hexagone est la forme qui remplit le mieux une surface avec des éléments de taille égale, en ne laissant aucun espace perdu. J’ai choisi l’hexagone après avoir étudié la théorie de Fibonacci, qui est elle aussi basée sur les rapports que l’on retrouve dans la nature.

Et en quoi la ligne, les couleurs éclatantes et les volumes sont-ils importants pour vous ?

Grâce aux couleurs, mais aussi aux ombres et à la lumière, vous pouvez créer toutes les représentations. C’est la base de la peinture. En jouant avec ces différents éléments et en comprenant comment ils fonctionnent, j’essaie de créer des illusions et des distorsions.

L’architecture est-elle une autre de vos passions pour aimer interagir avec le milieu environnant ?

Absolument. Je crois que l’architecture est une forme d’art. J’aime observer les bâtiments et je suis toujours émerveillé par la manière dont ils ont été conçus. J’aime aussi les défis donc, quand je vois un bâtiment qui sort de l’ordinaire, cela m’incite toujours à chercher comment je peux interagir avec lui. Pour moi, la première étape dans la création d’une peinture murale est de voir comment elle peut s’intégrer dans le bâti, les formes existantes et leurs fonctions.

Comment utilisez-vous la forme du mur et des éléments qui s’y trouvent ?

Je commence par analyser les formes et les éléments qui composent le mur. Ainsi, la plupart de mes peintures s’inscrivent dans l’environnement existant. Je ne fais ni photos, ni croquis, ni plans, c’est pourquoi je parle de freestyle. Mais j’ai toujours en tête mon système. Toutes mes peintures murales sont basées sur l’hexagone ou des parties de l’hexagone. Je place ces éléments apparemment au hasard mais, en réalité, je réagis à l’effet de ce que je peins sur le mur et j’explore de nouvelles choses, toujours dans le respect des « règles » que je me suis fixées. Le résultat final n’est pas le plus important pour moi.

Et en quoi votre travail sur la toile diffère-t-il ?

Je vois mon travail sur la toile plutôt comme une recherche, des variations multiples autour de l’hexagone, alors que mes peintures murales restent pour moi un terrain de jeux où je peux expérimenter sans craindre de commettre des erreurs. Le fait que je ne réalise jamais de croquis pour mes peintures murales me donne la liberté d’explorer, d’expérimenter et d’interagir avec l’espace pour ensuite réagir sur le support.

Peut-on dire que votre style associe le graffiti et l’art abstrait ?

Je suis incapable de définir mon style… Je peins. Je fais de l’art public et des graffitis. Mais ces deux réalités
sont assez différentes.

Outre l’exposition à la gca gallery, quels sont vos prochains projets, vos prochains défis ?

Je suis censé présenter mon travail aux États-Unis, notamment à New York, Denver, Sacremento, Boston… Mais j’attends toujours le feu vert des autorités en raison de la situation sanitaire lié au Covid.

 

 

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