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Galeriste

Nicolas Maillefert et Diego Escobar, ARTCAN GALLERY

Proposant un mélange savamment dosé entre artistes établis et talents de demain, stars du graffiti new- yorkais des 80’s et nouvelle vague européenne, expositions et manifestations hors-les-murs, ArtCan Gallery apporte un dynamisme bienvenu dans la cité phocéenne.

Qu’avez-vous fait avant de créer votre galerie ?

Diego Escobar : J’ai passé une dizaine d’années en maisons de vente, chez Tajan, Sotheby’s à Londres, puis en Suisse… sur l’art contemporain et l’Art Urbain, avant de décider de voler de mes propres ailes.

Nicolas Maillefert : Je suis opticien à Marseille depuis 15 ans. J’ai rencontré Diego parce que je suis collectionneur, principalement d’Art Urbain. Lorsqu’il s’est installé à Marseille, nous nous sommes beaucoup vus et nous avons franchi le pas ensemble.

Pourquoi ouvrir une galerie dans un environnement peut-être un peu compliqué aujourd’hui ?

DE : Il y a une erreur dans la vision de beaucoup de personnes qui pensent que le modèle de la galerie est un peu fini. Si vous pouvez vous appuyer sur un réseau de collectionneurs et d’acheteurs internationaux et que vous sélectionnez des artistes de qualité, en n’hésitant pas à vous renouveler, il y a toujours de belles choses à faire.

Pour vous, la galerie dépasse-t-elle le simple espace d’exposition ?
DE : Notre galerie, c’est d’abord la convivialité. Lorsque vous entrez chez nous, vous trouvez une bibliothèque, vous pouvez prendre un café. Pour autant, aujourd’hui, 70% de nos ventes se réalisent auprès de notre réseau ou par les réseaux sociaux. Le métier s’est beaucoup dématérialisé.

NM : Nous essayons également de contribuer au développement de l’art dans la rue. Nous avons ainsi rénové un terrain de basket à Marseille, avec un sol peint par Marcus Wow. Je crois que cela peut amener des personnes qui ne viendraient pas naturellement à la galerie à se faire une éducation visuelle.

Être à Marseille, est un bon choix en dehors du climat ?

NM : C’est tout de même la deuxième ville de France ! Dans mon autre métier, je suis plutôt axé sur le haut de gamme, avec une clientèle qui compte beaucoup de collectionneurs. Cela nous a semblé une bonne idée de mélanger les deux.

Comment se répartissent les rôles entre vous ?

NM : C’est une bonne question… Je vous avouerais que nous n’avons jamais fait de plan sur ce sujet. C’est Diego le chef [rires].
DE : Disons que je suis davantage en première ligne, parce que je suis plus souvent à la galerie et en connexion avec le monde de l’art. Nicolas gère les collectionneurs locaux, parce qu’il les connaît bien. De mon côté, je me concentre sur le développement à l’extérieur et sur mon réseau.

Au-delà de votre goût personnel, quel est le marché actuel pour l’Art Urbain ?

NM : Je pense qu’il y a un réel engouement. Personnellement, j’achète quasiment tous les mois quelque chose et je crois ne pas être le seul… Je vois régulièrement les œuvres se vendre, à des prix qui augmentent. En deux ou trois ans, nous sommes passés du simple ou double. Et cela ne va pas s’arrêter.

DE : Nous sommes effectivement sur un marché haussier. Nous ne savons pas jusqu’où cela peut aller mais cela à l’air de se maintenir.

L’Art Urbain est-il toujours financièrement accessible ?

NM : Toujours, même s’il l’est de moins en moins. Il a d’ailleurs beaucoup d’artistes en-dessous de 10.000 euros qui méritent d’être mieux cotés. Nous essayons ainsi de valoriser les jeunes talents.

DE : Nous n’avons pas vocation à être une galerie d’artistes émergents. Nous sommes dans un ratio de 20/80 entre jeunes artistes et confirmés, parce que c’est un commerce et que nous avons besoin d’avoir une stabilité pour offrir la même chance aux émergents et aux établis.

Quelle est la gamme de prix des œuvres proposées dans votre galerie ?

NM : Les premiers prix tournent autour de 4.000 euros et cela peut monter jusqu’à 20.000 à 25.000 euros.

Comment peut-on repérer les artistes intéressants ?

DE : Nous nous consultons beaucoup avec Nicolas. Pour les nouveaux entrants, nous les dénichons sur les réseaux sociaux, les publications, les festivals, la scène internationale… Pour les artistes établis, nous travaillons avec certains d’entre eux depuis de nombreuses années. Et pour les autres, c’est souvent le fruit de longues années de discussion. Nous avons ainsi quelques belles signatures qui rejoignent la galerie dans la programmation de l’année prochaine.

Y-a-t-il aujourd’hui des styles pour lesquels existe une très forte demande ?

NM : Je vous dirais que non. Au premier semestre, nous avons fait un gros travail sur l’abstraction, qui a vraiment bien fonctionné. Plus récemment, nous nous sommes plutôt tournés vers le figuratif, et cela marche très bien aussi. DE : Il y a sans doute plus de demandes pour le figuratif, qui touche davantage de personnes que l’abstraction.

À titre personnel, avez-vous des coups de cœur ?

NM : On ne présente pas d’artistes que nous n’aimons pas. Tous les artistes que nous proposons à la galerie sont des talents que nous aimerions avoir dans nos collections personnelles.

DE : Ah oui ! C’est même le gros souci, entre les pièces que l’on doit vendre et celles que l’on aimerait se réserver [rires].