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Rencontre

JC Romeo, explorateur digital de zone(s) urbaine(s)

S’il ne s’affiche pas, ou du moins pas encore, sur les murs, JC Romero est incontestablement un artiste urbain, par l’inspiration de son travail, qui nous plonge dans une vision trĂšs personnelle de nos mĂ©galopoles.

Par une alchimie de ses inspirations et influences qui n’appartiennent qu’à lui, Jean-Charles Romero nous entraĂźne dans un univers bien particulier, oĂč des personnages Ă©tranges, dĂ©construits et hybrides Ă©voluent dans un dĂ©cor qui pourrait sembler futuriste mais qui n’est pas si Ă©loignĂ© de notre rĂ©alitĂ©.

Cela fait 20 ans que vous ĂȘtes artiste. Comment en ĂȘtes-vous arrivĂ© Ă  votre travail actuel ?

Jeune, j’étais attirĂ© par tout ce qui Ă©tait art. Je suis graphiste de formation et, en parallĂšle, j’ai commencĂ© Ă  expĂ©rimenter, Ă  peindre sur carton marouflĂ©, Ă  dessiner sur papier froissĂ©, Ă  faire du collage sur toile en technique mixte. J’ai cherchĂ© des supports originaux, pour Ă©viter tout acadĂ©misme avec une toile et un pinceau. Par la suite, je me suis appuyĂ© sur mon expĂ©rience professionnelle et ma maĂźtrise de Photoshop. Je voyais bien qu’il y avait des solutions intĂ©ressantes avec ce mĂ©dium. En fait, je me suis inspirĂ© de cette phrase de Joan Miro : « Il faut tuer la peinture pour y revenir d’une autre maniĂšre ». Je suis un peintre sans pinceau. Aujourd’hui, je fais des tirages sur du papier fine art, en Ă©dition limitĂ©e Ă  huit exemplaires. Mais je vais revenir Ă  la toile; avec du collage numĂ©rique et de la peinture, en technique mixte, en Ɠuvre unique. C’est un nouveau challenge, pour proposer autre chose et prendre du plaisir aussi.

D’oĂč vient votre inspiration urbaine, un peu « Cyber-Punk » ?

Oui, c’est un peu ça. Mes influences sont multiples. À une Ă©poque oĂč on ne parlait pas encore d’Art Urbain, il y a eu des pionniers, les affichistes rĂ©alistes comme Raymond Hains, Jacques VilleglĂ©, la figuration libre avec Paul Rebeyrolle, Miguel Barcelo… sans oublier le « patron », Picasso. Et, en parallĂšle, toute la culture du rock underground, avec ses pochettes de disques qui parlaient Ă  mon imaginaire adolescent.

Le monde que vous dépeignez, est-ce le nÎtre ?

Ce que je veux reprĂ©senter, c’est notre environnement, la sociĂ©tĂ© nĂ©o-libĂ©rale mondialisĂ©e, l’ultra-modernitĂ© de notre Ă©poque Ă©voluĂ©e et dĂ©cadente, portĂ©e par le gĂ©nie et l’inconscience des hommes. Une forme de rĂ©sistance… Je cherche Ă  faire une poĂ©sie visuelle, mĂȘme trash, punk, un peu « sale ».

Vos personnages sont assez monstrueux et pourtant touchants…

Effectivement, on ne sait pas s’ils vont rire ou pleurer, et c’est important pour moi. C’est un entre-deux, entre le gĂ©nie des hommes puisque nous sommes tout Ă  fait capables de dĂ©coder le gĂ©nome humain, et son Ă©goĂŻsme, puisque nous ne parvenons pas Ă  organiser notre sociĂ©tĂ© de maniĂšre plus juste. C’est un paradoxe.

Avez-vous trouvé votre langage dÚs le début ?

PlutĂŽt en tĂątonnant, en m’inspirant de ce qui me plaisait. Avec le digital, ma technique s’est amĂ©liorĂ©e, mon vocabulaire s’est Ă©toffĂ©, mon langage visuel s’est affirmĂ© au fur et Ă  mesure, mĂȘme si je travaille sans jamais savoir ce que je vais faire Ă  l’avance, de maniĂšre totalement libre. Je ne fais pas de dessin prĂ©paratoire. C’est un travail en concentration maximale devant l’écran, avec beaucoup d’excitation aussi. Je manipule, j’imbrique, je fusionne des formes… La machine me propose des choses
que j’exploite. Nous sommes deux Ă  bosser, mĂȘme si c’est moi qui dĂ©cide !

Avec une inspiration aussi urbaine, n’avez-vous jamais Ă©tĂ© tentĂ© de vous exprimer dans la rue ?

Pas encore. Mais pourquoi pas. Je rĂ©flĂ©chis Ă  l’animation d’un endroit Ă  l’extĂ©rieur, pour essayer d’autres supports, sortir de ma zone de confort… et avoir une visibilitĂ©. Cela n’a pas encore pris forme mais j’y pense. Ce n’est pas Ă©vident de consacrer son temps Ă  plusieurs choses. Pour l’instant, je chercher Ă  progresser, pour approcher une crĂ©ation aboutie
 Aboutie Ă  mes yeux, je ne veux pas paraĂźtre prĂ©tentieux ! C’est juste pour aller au bout de la crĂ©ation. Je viens du graphisme, comme de nombreux grapheurs. Beaucoup de street artistes ont fait le chemin de la rue vers l’atelier, je pourrais faire l’inverse !

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