CĂ©lĂšbre pour Jeanne dâArc et son patrimoine historique, la capitale de la rĂ©gion Centre-Val-de- Loire est aussi, depuis quelques annĂ©es, une citĂ© trĂšs accueillante pour les street artistes et trĂšs dynamique pour la promotion de lâArt Urbain.
Par Angela Olivier
Il est loin le temps oĂč Thoma Vuille se faisait arrĂȘter par la police locale ! Le graffeur M. Chat est aujourdâhui un symbole du dynamisme dâOrlĂ©ans. Pour son dixiĂšme anniversaire, en 2007, M. Chat a mĂȘme eu les honneurs du musĂ©e des Beaux-Arts de la ville, levant du mĂȘme mĂȘme coup lâanonymat volontaire de son jeune auteur français. Comme dans beaucoup dâautres villes, la municipalitĂ© dâOrlĂ©ans a pris un virage Ă 180° concernant le Street Art. « Lâart urbain nâest plus considĂ©rĂ© comme du vandalisme mais fait au contraire partie de la vie de la citĂ©. Mais pour cela, il faut un accompagnement. Des habitants dâabord, pour les habituer Ă une expression artistique qui nâest pas encore entrĂ©e dans les moeurs, mais aussi des artistes. Aujourdâhui, Ă OrlĂ©ans, nous sommes fiers dâavoir des signatures locales reconnues mondialement et aussi des oeuvres dâartistes français et internationaux », indique Abel MoittiĂ©, adjoint au maire en charge de la culture.
Ă ciel ouvert
Il suffit de se balader et de lever les yeux pour dĂ©couvrir ses chats jaunes au large sourire au niveau des toits. Si M. Chat est aujourdâhui mondialement connu, OrlĂ©ans a Ă©tĂ© son laboratoire Ă la fin des annĂ©es 1990 et au tournant des annĂ©es 2000. Vous les dĂ©nicherez par exemple Place de la RĂ©publique, rue des Carmes, sur une cheminĂ©e de la Place Sainte-Croix⊠Plus rĂ©cemment, Mifa Mosa sâest fait connaĂźtre en dĂ©tournant les noms des rues de façon humoristique et se les appropriant Ă travers la crĂ©ation dâune mosaĂŻque placĂ©e au-dessus du nom. Au total, 100 mosaĂŻques ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par cet « illustrateur de rues » qui exporte depuis son projet ludique et colorĂ© dans dâautres villes de France. On peut aussi croiser les poissons bleus et roses aux yeux globuleux de lâartiste orlĂ©anais Rire et les installations artistiques en noir et blanc de Levalet qui interagissent avec le mobilier urbain.
Deux rendez-vous majeurs
Deux rendez-vous annuels sont dĂ©diĂ©s au Street Art depuis 2016 : le Loire Art Show et le Festival Roads. Jean-Michel Ouvry, prĂ©sident de lâassociation Sacre bleu, qui gĂšre le Mur dâOrlĂ©ans, et directeur artistique du festival Loire Art Show, revient sur son histoire. « Nous avons commencĂ© Ă prĂ©senter des projets en 2009-2010, sans grand succĂšs. Ce qui a tout changĂ©, câest la Tour 13 en 2014. Dâun coup, tout le monde a compris que ça pouvait marcher et intĂ©resser les gens. Nous avons revu notre copie en partant de cet exemple et la mairie nous a suivi. Le concept : rĂ©cupĂ©rer un bĂątiment abandonnĂ©, avant destruction ou rĂ©novation, le mettre aux normes de sĂ©curitĂ© et inviter des artistes pour une grande kermesse graphique ». PremiĂšre Ă©dition en 2015, dans une Ă©cole abandonnĂ©e, Les Pavillons blancs, dâoĂč le nom, LâĂcole est finie. LâannĂ©e suivante, le projet tombe Ă lâeau⊠littĂ©ralement, en raison des inondations du Loiret. En 2017, le festival devient Loire Art Show et investi lâhĂŽpital de la Porte Madeleine, un ancien cloĂźtre. La deuxiĂšme Ă©dition se tiendra dans les anciennes vinaigreries et la derniĂšre en date, celle de 2019 dans le collĂšge Anatole Bailly, en plein centre, juste Ă cĂŽtĂ© de la cathĂ©drale. Un succĂšs : en 5 jours, 27.000 visiteurs, ont pu voir les crĂ©ations de 13 artistes, dont Grems, Stom500, Veks van Illik ou les collectifs les Francs colleurs et Aerophone. Et pour 2020 ? « Comme chaque annĂ©e, nous remettons tout sur la table et nous devons rechercher un lieu. Sur OrlĂ©ans, comme dans toutes les villes, il y en a plein, mais tous les propriĂ©taires nâont pas envie de jouer le jeu. Nous avons une liste de 5 ou 6 bĂątiments potentiels que nous sommes en train de visiter ».
Orléans, ville ouverte
Aux dĂ©tours des rues du centre-ville, le visiteur est surpris par la prĂ©sence remarquable du Street Art et la diversitĂ© des crĂ©ations. Mais, en partenariat avec les associations et les collectifs dâartistes locaux, la municipalitĂ© a aussi dĂ©diĂ© plusieurs espaces aux arts urbains, notamment :
– le Mur OrlĂ©ans. Sâinspirant du M.U.R. de Paris, ce mur, situĂ© sur la façade du cinĂ©ma des Carmes, rue Henri Roy, est dĂ©diĂ© uniquement aux street artistes venus des quatre coins de la France. Le principe ? Proposer Ă des artistes urbains de sâexprimer librement sur un espace dĂ©diĂ© Ă la crĂ©ation contemporaine. Tous les mois, un street artiste est sĂ©lectionnĂ© pour recouvrir le mur. La fresque est ensuite visible…, jusquâĂ ce quâune autre la remplace.
– les Vinaigreries Dessaux. Cette friche industrielle a Ă©tĂ© occupĂ©e de longue date par les graffeurs de la ville. Ces usines vieilles de plus de 125 ans, inoccupĂ©es depuis 1983 et propriĂ©tĂ© de la municipalitĂ©, ont pris une nouvelle dimension en hĂ©bergeant lâĂ©dition 2018 du festival Loire Art Show. Pendant trois jours, les artistes ont envahi les lieux, couvrant les murs de leurs crĂ©ations que lâon aperçoit depuis la rue de la Tour Neuve ou sur les murs des entrepĂŽts dĂ©saffectĂ©s, rue Saint-Flou. On y dĂ©couvre notamment de superbes peintures de Jef AĂ©rosol. Mais les choses pourraient prendre une autre dimension, comme lâexplique Abel MoittiĂ© : « Nous avons lancĂ© un projet pour transformer le lieu en Fabrique pour les arts visuels, avec des ateliers dâartistes, un espace de formation et dâaccompagnement et un lieu dâexposition. Mais, naturellement, nous conserverons les peintures murales existantes ».
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