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L’art urbain investit la galerie valois

Juste en dessous du Louvre, douze artistes ont peint les quatorze espaces de la Galerie Valois, métro Palais Royal. Des œuvres inspirées et inspirantes pour une exposition inédite !
Par Gabrielle Gauthier

Habituellement fermée au public, la Galerie Valois ouvre ses portes aux visiteurs pour dévoiler une exposition d’Art Urbain aussi inédite qu’exceptionnelle. Un projet porté par The mouarf de Saato, à qui l’on doit notamment l’Underground Effect à La Défense. Dans cette toute première galerie marchande créée au début du siècle dernier, de style Art Nouveau avec ses élégantes menuiseries et colonnes en cuivre, ses panneaux de marbre, ses motifs floraux, son plafond en stuc et son sol en mosaïque, douze artistes ont œuvré pour écrire l’histoire moderne de l’art pictural. Belin, Huariu, Andrea Ravo Mattoni, Sckaro, Piet Rodriguez, Kan, Vesod, Vile, Luis Gomez de Teran, Dourone, Kofie et SatOne, chacun signe une œuvre singulière contextualisée qui sied avec justesse aux « écrins » qu’offre le lieu. Toutes sont dignes de celles que l’on peut voir quelques mètres plus haut dans les salles du Musée du Louvre. Et l’on espère que la RATP renouvellera cette initiative exceptionnelle dans d’autres stations fantômes.

Comment est né ce projet ?

Le projet est né de la rencontre de Saato, l’agence d’ingénierie culturelle
dédiée à l’Art Urbain que j’ai créé avec deux amis, et la RATP. Il y a quelques années, nous avions rencontré la RATP pour leur proposer des projets afin d’amener l’Art Urbain dans le métro. Certains se concrétisent au comptegouttes ; beaucoup sont encore dans les cartons. Parallèlement, la RATP nous a sollicités sur d’autres projets. Nous avons donc déjà travaillé ensemble. Sachant ce que nous étions capables de proposer et de réaliser, début octobre 2019, la RATP nous a sollicités pour réouvrir la galerie Valois, galerie commerciale créée en 1916 et fermée depuis une quinzaine d’années, avec une proposition artistique. Notre projet s’est ainsi construit autour d’un panel d’artistes.

Comment s’est passée la sélection des douze artistes ?

Depuis cinq ans, nous organisons Underground Effect, un festival Graffiti sur le parvis de La Défense à Paris. Nous avons ainsi fait venir près d’une centaine d’artistes, avec une sélection toujours éclectique, car peindre dans l’espace public nécessite de s’adresser à tout le monde. Nous cherchons donc des artistes qui se complètent les uns avec les autres dans leur diversité mais aussi dans leurs représentations. Ils viennent de toutes les parties du monde, dans la limite de notre budget. En effet, tous nos projets existent uniquement lorsque les conditions sont réunies car nous payons les artistes pour leur travail et nous finançons également l’hôtel, le transport, les repas, le matériel et la peinture. Qu’ils soient confirmés ou émergeants, nous mettons tous les artistes au même niveau, tant par la surface à peindre que nous leur allouons que par le cachet que nous leur versons, le logement que nous leur proposons et la disponibilité que nous leur accordons. Nous avons procédé ainsi pour la Galerie Valois.

Pourquoi avoir choisi de reprendre les codes de la peinture classique ?

Chez Saato, nous n’imposons jamais rien ; hors de question de dire aux artistes ce qu’ils doivent faire ! Nous les faisons venir parce que nous aimons leur travail mais ils restent totalement libres. Les seules contraintes que l’on impose dans l’espace public c’est de ne pas traiter de politique, de religion, de pornographie et de violence. Pour Valois, nous n’avons donc pas demandé aux artistes de traiter d’une thématique particulière, elle s’est imposée d’elle-même, naturellement. Se trouver sous le Louvre y est sans doute pour quelque chose. Certaines peintures sont ainsi en lien direct avec le musée, notamment des reproductions de ce que l’on peut y voir. Et comme nous ne demandons jamais de croquis en amont, cela est aussi une surprise pour nous.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail de ces 12 artistes ?

Tous ont produit des œuvres contextualisées dans l’espace, Belin avec La Joconde, Vesod avec la pyramide… Tous se sont énormément impliqués, prenant le temps de faire « bien », se mettant même la pression…

En choisissant cet espace juste en dessous du Louvre, est-ce un message pour faire entrer l’Art Urbain dans les grandes institutions ?

À 100% ! Les artistes qui ont œuvré dans la galerie Valois sont les maîtres d’aujourd’hui, capables de rivaliser avec les maîtres du Louvre… Belin ne se prénomme-t-il pas Michel-Ange ? Ça ne s’invente pas, quand même ! Nous souhaitons que les artistes puissent s’inscrire dans les institutions de façon pérenne. Car si l’Art Urbain se démocratise, avec des murs parfois exceptionnels, le phénomène encore assez anecdotique en France, encore plus dans la région parisienne.

Combien de temps durera cette exposition ?

Au minimum six mois… peut-être davantage si l’espace est respecté. L’entrée est libre en journée, et nul besoin d’acheter un ticket de métro pour accéder à la galerie. Il n’est pas impossible également qu’il y ait une nouvelle session dans six mois.

Que vont devenir les œuvres ensuite ?

Personne ne peut partir avec ! Plus sérieusement, notre contrat avec les artistes nous permet d’effacer les œuvres si nécessaire. Resteront les films et photographies que nous avons réalisés. Pour certains événements, nous proposons parfois aux artistes de réaliser de petits formats que nous reproduisons et que nous vendons ensuite sur notre galerie en ligne, Wassa.

 

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