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Dossier

Parcours urbains : le Street Art au cœur des villes

S’il est aujourd’hui présent dans les musées et les galeries, le street art est, comme son nom l’indique, né dans la rue. Et c’est toujours là qu’on peut le découvrir dans son authenticité brute.

Certes l’époque n’est plus à la pratique d’une forme d’art exclusivement contestataire rebelle et clandestine. Les graffeurs collaborent avec les plus grandes marques, les street artistes s’exposent dans les institutions et la cote des plus renommés s’envolent dans les salles de ventes. Pour autant, l’art urbain n’oublie pas d’où il vient. Et c’est toujours sur les murs qu’il s’exprime avec force, et, désormais, avec l’approbation des autorités. Sur les façades des immeubles, les portes d’entrée, les volets de boutiques, dans les parkings et les friches industrielles, l’art est partout, et surtout au coin de la rue. C’est naturellement dans la capitale, notamment les quartiers d’Oberkampf, de Ménilmontant, de Belleville ou de Stalingrad et sa banlieue (Pantin, Bagnolet, Saint-Ouen ou Montreuil en Seine Saint-Denis…) que l’on trouve les principaux spots français.

De l’art à l’Ourcq

Depuis trois décennies, le Canal de l’Ourcq s’est constitué un patrimoine d’art urbain qui fait référence et est devenu un lieu de pèlerinage incontournable pour tout amateur, avec de nombreux projets éphémères et autres festivals. Trait d’union entre Paris et la banlieue, le canal traverse une multitude de paysages, territoires urbains, zones industrielles, Parc départemental ou zone pavillonnaire…, et offre aux artistes une large gamme de supports et d’ambiance très diverses, constituant un véritable musée à ciel ouvert. Un parcours qu’il est possible d’effecteur à pied, à vélo (avec une piste cyclable qui longe le canal) et même à bord de navettes fluviales durant l’été.

Vitry sur Seine, l’autre banlieue

Quand on pense art urbain, c’est d’abord le 9-3 qui vient à l’esprit. Mais, il faut aussi compter, dans le Val-de-Marne voisin, à une dizaine de kilomètres au sud de Paris, avec la ville de Vitry-sur-Seine, indissociable du street artiste Christian Guémy, plus connu sous le nom de C215. Au hasard des rues, le passant émerveillé peut découvrir des œuvres comme celles d’un autre français célèbre, Seth, mais aussi d’artistes internationaux comme l’australien Jimmy C, l’italien Pixel Pancho, le canadien Indigo ou même d’anonymes, à l’image de la superbe fresque dédiée à Rihanna.

Boulevard Paris 13. Le nouveau spot parisien

Le 13 juin dernier, le Boulevard Paris 13 était officiellement inauguré. L’aboutissement d’un projet de musée du Street Art à ciel ouvert impulsé depuis plusieurs années par Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la galerie Itinerrance, en partenariat avec le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet. Tout a commencé en 2014 par la Tour Paris 13, un projet qui a mobilisé 108 street-artistes pour une exposition collective et éphémère dans un bâtiment voué à la démolition. Devant le succès, tant public que critique, il était naturel de continuer dans ce sens.

Le Louvre du street-art

Depuis quatre ans, 26 artistes urbains de quatorze nationalités différentes ont des peint des fresques monumentales sur les murs des hauts immeubles du boulevard Vincent Auriol, des bâtiments appartenant à la Mairie, des HLM, des immeubles privés. « Notre volonté, c’est de fédérer tout le monde derrière un projet commun, peu importe l’origine ou la classe sociale. C’est une décoration, ça attire les touristes et les commerces en profitent aussi. Les gens sont fiers de leur quartier car c’est une plus-value. Tout le monde y gagne », explique le galeriste. Et le résultat est véritablement impressionnant. Il suffit de marcher le long du boulevard Vincent Auriol ou, mieux encore, de prendre le métro aérien sur la ligne 6 entre les stations Chevaleret et Nationale pour découvrir cet impressionnant musée à ciel ouvert, sans aucun équivalent au monde.

Une collection qui s’enrichit

Boulevard Paris 13 compte aujourd’hui un peu moins d’une quarantaine d’œuvres monumentales, signées par les artistes les plus renommés. « Ce n’est qu’une première étape. L’objectif est de continuer à faire de nouvelles œuvres pour que le boulevard Vincent Auriol devienne une véritable attraction, surtout dans une ville comme Paris. J’aimerais qu’on arrête de voir la capitale comme une ville ennuyeuse alors que c’est une ville jeune et dynamique où il se passe des choses », explique Mehdi Ben Cheikh.

Boulevard Paris 13 en chiffres

32 fresques déjà réalisées : 26 fresques bd Vincent Auriol – 4 fresques avenue de Choisy – 2 fresques Jardins des Grands-Moulins et Boulevard de l’Hôpital.

6 nouvelles fresques depuis avril 2019, soit près de 2.500 m2 supplémentaires.

Objectif : près de 50 fresques d’ici 2020.

26 artistes de 8 nationalités différentes (Portugal, USA, Espagne, Allemagne, Chine, UK, Tunisie, France) : ADD FUEL – BTOY – C215 – Cryptik – DALeast – D*Face – Tristan Eaton – Ethos – Faile – Conor Harrington – Hownosm – HUSH – Inti – Invader – Jana & JS – David de la Mano – Maye – M-City – Pantonio – Roa – Sainer – Seth – Shepard Fairey – ST4 – Stew – Vhils.

www.boulevard13.com
Illustrations : Crédit photo Galerie Itinérance

Dans toute la France

Le street-art n’est pas limité à la capitale. Dans toutes les villes, des espaces réservés, officiellement ou non, permettent au public de découvrir le foisonnement de la créativité d’artistes reconnus ou non.

Un plan graff à Nantes

Dans la Cité des Ducs, depuis 2012, des murs ont été légalement « offerts » par la municipalité aux graffeurs qui en font la demande. Un quinzaine de sports ont ainsi vu le jour, notamment en bas de la butte Sainte-Anne, sous le Pont de la Rotonde, près du Lieu Unique ou sur le boulevard Gaston Doumergue dans l’Île de Nantes.

Mimil à Bordeaux

Parmi les nombreux artistes qui illustrent les rues bordelaises, Mimil, un animal étrange imaginé par David Selor, attire l’attention par un graphisme original et les jeux de mots qui accompagnent souvent les dessins. A découvrir au hasard des rues, de la gare Saint-Jean jusqu’à la place de la Victoire.

Grenoble ville de festival

Cette ville offre une scène locale de grande qualité et les rues proposent de nombreuses œuvres signées par Seth, Goin, C215, RNST, réalisées notamment à l’occasion du festival annuel programmé depuis 2015.

Ballade à Lille

La ville lilloise propose plusieurs parcours à la découverte des endroits où les street-artistes et graffeurs s’expriment, principalement à travers les quartiers Moulins et Wazemmes. L’occasion de découvrir des fresques monumentales, comme celles de Hervé Di Rosa, M-City ou Michael Barek, mais aussi des collectifs.

Le Cours Julien à Marseille

Le Street-Art est omniprésent dans la cité phocéenne. Le quartier du Cours Julien, à 15 minutes à pied du Vieux-Port, est une véritable galerie à ciel ouvert, avec des œuvres de C215, Monsieur Chat ou Mahn Kloix.