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Galeriste

PATRICK CHAURIN nous ouvre la porte de son Cabinet d’amateur

Au cœur du XIe arrondissement, ce véritable passionné accueille ceux qui, comme lui, se définissent comme des amateurs d’art, en proposant une programmation un peu décalée.

Le Cabinet d’amateur
12 rue de la Forge Royale 75011 Paris
Du mardi au dimanche de 14h à 19h
lecabinetdamateur.com
Instagram : @lecabinetdamateur

Pour le dictionnaire, un cabinet d’amateur est « une pièce où l’on conserve une collection, publique ou privée, de tableaux, de dessins, d’estampes, de médailles, de pierres gravées, de documents d’histoire naturelle ». Du Moyen Âge au XIXe siècle en passant par la Renaissance, les collectionneurs privés ont perpétué cette tradition, réservant à leurs proches la découverte des merveilles entassées au fil des années. Et ce n’est pas un hasard si Patrick Chaurin a choisi son nom pour sa petite – une quarantaine de mètres carrés – galerie du XIe arrondissement. C’est bien avec l’état d’esprit d’un dénicheur de pépites que, depuis 15 ans, il poursuit la même vision de son métier : faire se rencontrer artistes – pas forcément « à la mode » – et collectionneurs. À l’occasion du XVe anniversaire de ce lieu atypique, qu’il va fêter par une exposition réunissant une cinquantaine d’artistes, Patrick Chaurin revient sur son parcours.

Vous avez mis 20 ans avant de vous décider à ouvrir votre galerie…
J’ai eu une première vie professionnelle dans la photographie, l’édition, la création graphique, le multimédia. Je suis collectionneur depuis les années 1980. Cela a commencé par la découverte de certains artistes au Frigo, quai de la gare dans le XIIIe arrondissement à Paris. J’ai pu traîner dans les ateliers, les galeries. La rencontre avec Paella? en 1987 a été un moment fort, je lui ai acheté une toile et cela a été le point de départ de ma démarche de collection. J’ai continué à acheter de petites choses à droite à gauche et j’ai évolué vers d’autres artistes.

Pourquoi avoir finalement franchi le pas ?
À un moment donné, je me suis dit : « j’arrête tout et j’ouvre ma galerie ». Une décision que je n’ai jamais regretté. Cela n’a pas été facile au démarrage [rires]. Puis, petit à petit, on réussit à s’organiser, à se recentrer, à faire venir de nouveaux artistes. Cela a parfois été un peu compliqué, mais c’est une belle aventure, toujours avec mes choix personnels, ce qui m’a permis de présenter de nouveaux artistes, qui n’étaient pas toujours présents dans ce que l’on pouvait voir ailleurs.

C’est un peu ce que sous-entend le nom de votre galerie…
Voilà. Nous sommes entre amateurs d’art. C’est avant tout un lieu de découvertes.

Aujourd’hui, vous vous présentez comme une galerie d’Art Urbain. Cela a-t-il toujours été votre positionnement ?
L’Art Urbain s’est développé depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui et nous en avons toujours présenté. Au démarrage, nous étions plutôt sur de la peinture, entre figuration libre et expressionnisme. Mais Paella? a commencé à faire des collages dans la rue à cette époque. Nous avons exposé des précurseurs comme les VLP. L’évolution s’est faite naturellement, au fur et à mesure, avec des découvertes comme Levalet, Aurel Rubbish, un artiste de Besançon qui fait du paper cut… Ce sont les premiers solo shows que nous avons proposés, après pas mal d’expositions collectives avec Madame, Le Diamantaire, Fred Le Chevalier, Monsieur Chat, tous les « nouveaux » des années 2010.

Et aujourd’hui ?
C’est toujours une part importante de notre programmation mais ce n’est pas la seule. J’essaie de trouver des artistes qui offrent une singularité, une expression personnelle, qui ne rentrent pas forcément dans la mouvance Street Art. Et je m’autorise de petites parenthèses, comme Marie Rameau, une photographe qui fait des travaux sur plaque de verre. Je propose toujours des artistes de l’expressionnisme et de la Figuration Libre comme Ricardo Mosner ou Joanna Flatau. J’expose aussi Tony Soulié. Nous sommes un petit peu ailleurs [rires].

Comment choisissez-vous les artistes que vous proposez ?
C’est assez variable mais, en général, c’est moi qui vais vers eux. Je découvre leur travail et je prends le risque de les présenter, même s’ils n’ont jamais exposé, parce que j’estime que leur travail en vaut la peine. C’est ainsi que je suis allé chercher Bault, Agrume, Philippe Hérard, ce qui n’a pas été facile. Il a d’ailleurs recommencé à travailler en galerie après la première exposition qu’il a faite ici.

Que représente le fait de « défendre » un artiste ?
C’est l’exposer… et le ré-exposer [rires], travailler sur plusieurs années. La première expo attire toujours un public incertain, puisque découvrant un nouvel artiste. Il faut insister, le représenter, soit sur des expositions solo, soit sur des expositions collectives, pour que les gens prennent conscience de la qualité du travail.

Les accompagnez-vous aussi dans leur démarche artistique ?
Parfois, je peux glisser quelques petits conseils mais, en général, je ne veux pas intervenir. J’estime que c’est à eux d’avancer, de développer leur pratique. Je ne souhaite pas les orienter sur leur travail.

Pour votre anniversaire, vous avez réuni un superbe plateau…
Oui. Uniquement des artistes qui ont exposé à la galerie, de Jef Aerosol à Tony Soulié. C’est un peu une rétrospective de ces quinze dernières années, même si j’ai dû faire une sélection parce que je n’avais pas la place pour tout le monde. Au total, il a dû passer environ 200 artistes au Cabinet d’Amateur ! Je leur ai demandé de créer des œuvres spécialement pour l’occasion, des petits formats (20 x 20 cm) parce que la galerie n’est pas très grande, sur le thème de l’autoportrait. Il y a des jeunes artistes, d’autres plus reconnus.

Juste avant, vous avez deux expositions individuelles…
Vermibus est un artiste que j’expose depuis plusieurs années, qui travaille sur les affiches publicitaires, avec une démarche singulière, peut-être exceptionnelle dans le milieu de l’Art Urbain. Il récupère des affiches sur des panneaux, les retravaille avec des solvants et les remet en place à d’autres endroits. Ensuite, La Dactylo, un petit événement de quelques jours pour la sortie de son livre, avec une séance de signatures. Ce n’est pas la seule qui travaille le texte mais elle a une dimension humoristique bien à elle.