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Interview

Les éblouissants « regards » de YBA

« Tout vrai regard est un désir », disait Alfred de Musset. YBA – Yoann Bonneville le prouve à travers ces « regards pluriels » qui explosent dans des œuvres signature.

Instagram : @yoann_bonneville_art

Superposition de techniques, de matières mais aussi de niveaux de lecture, le travail « multi couches » de Yoann Bonneville révèle des visages construits autour des trois lettres Y, B et A, et surtout des regards hypnotiques tous différents. Ainsi, à travers l’attention toute particulière qu’il porte aux regards, animés d’une agitation intérieure, comme mus par une urgence vitale, une quête de sens, l’artiste dévoile-t-il les multiples vibrations du monde, de la vie… que chaque spectateur s’approprie à sa manière. En contrepoint de la figuration, l’artiste convoque également plusieurs techniques – collage, coulure… – pour transcender chaque regard mais aussi offrir une nouvelle lecture de l’œuvre, un enrichissement visuel et narratif. À travers ce dialogue muet mais intense entre l’œuvre, l’artiste et le regardeur, que l’on peut découvrir chez Yellow Road Gallery, l’émotion s’invite puissamment.

Que représente pour toi ce solo show à la Yellow road Gallery ?
Au-delà des expositions personnelles que j’ai pu présenter notamment dans des espaces municipaux, il s’agit de mon premier véritable solo show en galerie, et où l’on peut découvrir un panel condensé de mon travail. J’apprécie également que cela se passe en Belgique… C’est plutôt chouette de commencer par un autre pays que le sien, au-delà des frontières de l’Hexagone… un petit goût d’international, bien que d’autres galeries européennes présentent parfois mon travail dans des groupe show.

Que vas-tu présenter ? Combien de pièces ?
Ma série principale « New Hope », ces visages fragmentés en plusieurs YBA, mais aussi des skates et des œuvres de ma deuxième série « Signature », toujours des visages mais beaucoup plus épurés. Enfin, deux toiles présenterons des félins, un nouveau travail pour moi puisque c’est la première fois que je représente des animaux. L’exposition présentera ainsi une quinzaine de pièces, toutes assez récentes évidemment, réalisées cette année pour ce solo. La galerie proposera également un print rehaussé en édition limitée.

Quelles évolutions de ton travail artistique pourra-t-on voir dans ces nouvelles œuvres ?
Puisque je travaille notamment sur la thématique des regards, je dirais… un nouveau regard plus libre, plus sauvage, plus naturel, notamment avec les portraits d’animaux ! Le regard, et particulièrement son intensité, reste ainsi au centre de ma recherche artistique. Pour moi, il y a autant de réalités que de regards, chaque personne et chaque animal ayant un regard différent sur le monde. Cette diversité m’impressionne et m’inspire.

Pourquoi avoir choisi les félins pour cette nouvelle série ?
Parce que j’ai été inspiré par le faciès des félins et qu’il s’agit d’un animal assez emblématique, symbole de puissance et surtout de liberté. Assez haute dans la chaîne alimentaire, il s’apparente davantage à l’être humain. J’ai ainsi choisi de représenter le léopard pour l’esthétisme des motifs qui ornent son pelage et son regard comme cerné d’un trait d’eye-liner. Le début d’une nouvelle série qui se poursuivra autour des animaux sauvages. Petit, je voulais d’ailleurs être vétérinaire. Alors peindre les animaux est pour moi une autre manière de travailler avec le vivant… qui me passionne depuis toujours.

Le processus de création est-il le même pour cette nouvelle série ?
Totalement. J’utilise toujours une multitude de techniques et de médiums. Un processus que je maîtrise de plus en plus, donc qui est pour moi de plus en plus fluide, naturel, et qui me permet aujourd’hui de me concentrer davantage sur le côté créatif, de pousser encore plus loin la création.

Qu’attends-tu de ce solo show ?
Ce sera la première fois que les visiteurs pourront découvrir mon univers. Ce solo leur permettra de s’immerger totalement dans mon travail. Pour moi, ce sera l’occasion de faire un premier bilan grâce aux retours des spectateurs.

En tant que jeune artiste, comment vis-tu cette reconnaissance ?
Etant beaucoup à l’atelier, je ne m’en rends pas compte mais je mesure la chance que j’ai. Beaucoup d’artistes ne trouvent pas de galeries pour les exposer, et encore moins de galeries capables de leur proposer un solo show. C’est donc une vraie reconnaissance de mon travail. Pour autant, je ne veux pas me poser trop de questions, préférant continuer à travailler comme je l’ai toujours fait et y prendre autant de plaisir. La reconnaissance, c’est la cerise sur le gâteau !

Et la rue ? Est-ce toujours pour toi important de réaliser des fresques en extérieur ?
Bien sûr ! J’ai d’ailleurs été invité à réaliser une fresque au festival Echo près de Nantes dans un ancien hôpital désaffecté. J’ai également commencé à coller dans la rue en vandale, par exemple à la Butte-aux-Cailles.

D’autres projets en perspective ?
Avant tout continuer à travailler en atelier pour développer mon style et créer des pièces pour les galeries qui m’exposent. Étant assez solitaire, je suis très attaché au travail d’atelier ; pour moi, c’est le meilleur endroit du monde… même si je suis en recherche d’un plus grand espace, de 140 mètres carrés, afin d’y réaliser de grands formats en ayant le recul nécessaire.

A VOIR
« Regards »

Jusqu’au 22 octobre 2022
Du jeudi au samedi de 10h30 à 18h30
Yellow Road Gallery
Rue Constant Deraedt 8
1300 Wavre (Belgique)

Gregory Piet, Yellow Road Gallery

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le travail de Yoann Bonneville ?
Depuis notre ouverture, à côté des artistes internationaux déjà reconnus, notre philosophie a toujours été de présenter de jeunes artistes et de mettre en valeur leur travail. Et Yoann nous a séduit par son style immédiatement identifiable par sa « signature », YBA, qui révèle un portrait. Ce travail unique, mon épouse et moi cherchons, en tant que jeunes galeristes qui venons du marketing digital, à le défendre bec et ongles, non seulement sur les réseaux sociaux mais aussi dans notre espace près de Bruxelles. Pour cela, Yellow road Gallery ne fait pas de dépôt-vente. Nous achetons aux artistes, quelle que soit leur renommée les œuvres que nous présentons. À nous ensuite de nous battre pour les vendre aux visiteurs et collectionneurs !

En tant que galeriste d’Art Urbain, comment « qualifieriez-vous » son travail ?
Même si Yoann est peu intervenu en extérieur, dans son travail, on retrouve les codes « urbains », notamment sa signature graphique, les coulures… mais aussi les différentes techniques qu’il utilise qui viennent parfois du Pop Art, parfois du Street Art. Sans oublier son univers très proche de cet Art Urbain que nous défendons qui, indépendamment de la technique – pochoir, collage, aérosol… –, se caractérise par un travail un peu « brut », « sale », proche de la rue… un peu moins scolaire ! En cela, Yoann est selon moi un artiste émergent qui marquera les années à venir de son « empreinte » par sa signature unique, un style qui lui est propre et que l’on a vu nulle part ailleurs, tout en faisant évoluer son travail. Et c’est une force !

Vous êtes, semble-t-il, à l’origine des portraits animaliers…
Nous avons en effet soumis l’idée à Yoann… mais il a décidé seul d’essayer ! Lorsque nous discutons et proposons des choses à nos artistes, c’est toujours par plaisir et avec énormément de bienveillance. À eux de savoir si cela les tente ou pas, d’y aller ou non, de savoir si le moment est bien choisi… Nous souhaitons être proches de nos artistes mais pas envahissants !

Avez-vous prévu une « scénographie » particulière ?
Les trois univers de Yoann – super-héros, portraits signature et animalier – se prêtent admirablement bien à la configuration de notre galerie et ses trois belles salles en enfilade. Nous y mêlerons à la fois œuvres originales et prints de Batman, Spiderman…, que nous éditons évidemment à nos frais. Nous proposerons également une édition limitée d’une quinzaine d’exemplaires de l’œuvre Ultimate freedom, signées et rehaussées par l’artiste. Beaucoup de personnes sont déjà sur liste d’attente mais pas question pour autant d’inonder le marché.

Pensez-vous qu’il soit essentiel pour Yoann Bonneville de travailler dans la rue tout en proposant des expositions en galerie ?
Nous n’avons pas à nous immiscer dans ses choix. Si Yoann considère que c’est important pour lui, nous le soutiendrons, quelles que soient les actions qu’il souhaitera mettre en place et sur lesquelles nous pourrions l’aider. Telle doit être la mission du galeriste selon moi. Et ce ne peut être que positif, pour lui comme pour nous.

Comment voyez-vous ce premier solo show de Yoann ?
Comme le début d’une magnifique aventure !